D'où viennent les santons de Provence ?

David LATOUR/CIRIC

David LATOUR/CIRIC

 

Une réponse de Geneviève Fraysse

En Provence, au moment de Noël, les santons viennent habiter les crèches installées dans les églises et dans les foyers.

Ces petits personnages en argile appartiennent à l’histoire des hommes de ce pays et à celles de leurs familles.

La tradition des santons et de la crèche

Le santon a été mis au point à Marseille à la fin de la Révolution, vers 1797, par Jean-Louis Lagnel (1764-1822). Au XIXème siècle apparaissent les premiers santonniers de Provence qui empruntent leurs personnages à la vie quotidienne. En 1803 a lieu la première foire aux santons. Chaque année, la messe des santonniers est célébrée à Marseille.

La fabrication du santon

L’art du santonnier est populaire. C’est un art simple, sincère et authentique dans son inspiration, rudimentaire dans sa technique pour laisser s’exprimer toute la richesse de l’imaginaire. Le santonnier est habile, observateur, créatif, inspiré. De la glaise et des mains, puis du pinceau, surgit le réel à la rencontre de la légende, et naît le santon figé dans l’attitude qui le distingue et le rend digne de rejoindre le petit peuple de la mythologie provençale. S’enflamme alors la poésie avec l’inspiration. Elle se nourrit de mille détails observés, engrangés. Long temps de l’observation qui lentement imprime dans le souvenir du santonnier ce moment, ce regard, ce geste, l’harmonie des tissus. Une quête ininterrompue, à la manière des poètes improvisateurs dont les promenades expertes permettaient de fixer en images et en rimes la vie des gens qui entraient ainsi dans leur légende.

Les santons, créativité et traditions

L’histoire des peuples se nourrit de récits que la tradition enjolive. Les santons de Provence témoignent des traditions des gens d’ici.  D’une crèche à l’autre, les sujets se retrouvent marqués par les détails de leur « géniteur » qui assure la descendance au gré de son humeur créative. C’est ainsi que les vieux métiers demeurent dans la tradition santonnière .

La crèche de Noël représente la vie d’un village provençal et de ses habitants au XVIIIème siècle. Le temps des crèches commence le 1er dimanche de l’avent pour se terminer le 2 février, jour de la fête de la Présentation de Jésus au Temple. Tous les santons présents dans la crèche se dirigent vers l’étable de la Nativité et amènent  à Jésus un présent.

Faire la crèche est un grand moment pour les petits et les grands ! La contemplation des  santons, la prière en famille devant la crèche permet de mieux comprendre le mystère de la joie de Noël….

A la suite des santons, chacun se sent  en marche vers l’étable, à la  rencontre de Jésus-Enfant, moment d’espérance et de foi.

Les santons de la crèche

Dans l’étable se trouvent Marie, Joseph, l’âne et le bœuf,  et le 24 au soir l’enfant Jésus y est déposé. Marie est à genoux en contemplation devant l’enfant. Joseph est dans une robe de bure lui aussi à genoux. Dans le fond l’âne et le bœuf soufflent sur l’enfant allongé sur de la paille.

L’ange est le messager de la naissance.. Le plus célèbre est l’ange Boufareu, celui qui souffle, tient une trompette et guide la population vers l’étable.

La Vierge, assise ou à genoux, contemple son enfant. . Joseph, est dans une robe de bure également à genou. L’enfant, à la grâce modeste, couché sur la paille et vêtu d’un simple lange, était en cire avant d’être en argile ; cette matière rappelait la divinité venue parmi les hommes.

L’aveugle s’appuie sur l’épaule de son fils et recouvre la vue devant l’étable de Jésus

Le Ravi fait partie des «anciens». Il illustre le personnage naïf reconnaissable entre tous avec les bras levés au ciel en apprenant la naissance.

Le berger, un des premiers santons, se multiplie : il sera jeune, à genou, vieux pâtre au regard sage, couché et attendant, ou encore accompagné d’un ou plusieurs moutons

Les animaux tels l’âne et le bœuf, mais aussi les moutons donnent le ton à la scène pastorale.

Les rois mages, somptueusement vêtus, contribuent à cette atmosphère féerique.

Puis se rajoutent, le meunier, le pécheur, la bohémienne, l’homme à la lanterne, …..

Références prises dans le livre de Régis Bertrand, membre de l’Académie de Marseille :Crèches et santons de Provence