Quelles recettes pour le repas de Noël ?

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La réponse de Joseph Herveau

Dinde, bûche, chocolats… Les spécialités gastronomiques de Noël, des plus modestes aux plus raffinées, viennent nous rappeler que ce jour n’est pas comme les autres. Mais au fait, pourquoi ?

Au menu traditionnel de Noël, en France figurent la dinde de Noël et la bûche. La dinde (ou oie, à l’origine) était dégustée à Noël parce qu’il s’agissait d’un oiseau inhabituel, original… marquant bien l’extraordinaire de grandes fêtes comme Noël. L’origine de la bûche de Noël, que l’on fait brûler dans la cheminée, remonte au XIIème siècle.Bûche de Noël image Kalserstein Il s’agissait de faire brûler une grosse bûche dans la cheminée le soir du 24 décembre à la veillée. Le gâteau traditionnel de Noël en a gardé la forme, et c’est un dessert sucré, glacé, souvent chocolaté qui est partagé à la fin du repas. Les recettes et traditions varient selon les régions… et plus encore selon les pays ! En Alsace, le menu du repas comporteDinde de Noel des saucisses, des jambons… Les gâteaux de toutes formes, les « christolles », illustrent les thèmes et personnages de la Nativité. En Bretagne, un plateau des meilleurs fruits de mer trône souvent au centre de la table. En Bourgogne, les grands crus des vins de Bourgogne arrosent  des escargots, des volailles de Bresse, de la viande charolaise… Sans oublier, bien sûr, les fameux 13 desserts de la Provence ! Cependant, au-delà des recettes et du menu, des bons produits suffisent-ils à apprécier la vraie saveur de Noël ?

Le repas de Noël, un repas pas comme les autres

Car le repas de Noël n’est pas un repas comme les autres. Bien-sûr, il s’agit de rendre heureux celles et ceux que nous aimons, de se faire plaisir… mais est-ce seulement une affaire de luxe ? Les petites joies qui se démultiplient lorsqu’on les partage peuvent y avoir toute leur place ! Dans les treize desserts provençaux de Noël, il y a des choses toutes simples, comme des fruits secs ou du nougat.  Car au fond, ce qui rend vraiment noël extraordinaire (et les mets que l’on y consomme par la même occasion !), c’est la grandeur de ce que l’on y célèbre.

Bethléem, ou la Maison du Pain

A Noël en effet,  les chrétiens commémorent la naissance de Jésus, Fils de Dieu se faisant homme et venant partager notre humanité dans l’humilité et la simplicité. « Aujourd’hui dans la ville de David vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et  voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau né emmailloté et couché dans une mangeoire », dit l’ange aux bergers dans l’évangile de Luc (Luc 2, 11-12).

Un nouveau né couché dans une « mangeoire », dans une ville appelée « Bethléem », (ce qui signifie « Maison du pain »), voilà qui n’est pas sans évoquer le dernier repas pris par Jésus avec ses disciples. Il y prit du pain et du vin, et dit à ses compagnons « prenez en mangez, ceci est mon corps donné pour vous ». Le mystère de la Nativité, raconté par les évangiles, est déjà porteur du sens profond que Jésus a donné à sa vie : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jean 6, 51)

Au fond, à Noël, Dieu lui-même nous invite à sa table, et se fait nourriture pour nous !

Place du pauvre, place de Dieu

Mais, au fait, que faisaient Marie, Joseph et Jésus nouveau né dans une étable ? Voilà bien un lieu inhabituel pour mettre au monde un enfant ! St Luc nous dit « qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2, 7). Et ceux qui apprennent les premiers la nouvelle de cette naissance sont d’humbles bergers qui dormaient dehors avec leurs bêtes. Ainsi, les premiers destinataires de Noël sont ils les pauvres, les petits, les « sans intérêt », les « sans logis », les « sans pouvoir », celles et ceux -comme les enfants- que le monde tient pour partie négligeable.

 Il était de coutume autrefois, de préparer une portion de plus que le nombre de convives : la place du pauvre, ou celle de Dieu. A Noël, ces deux places n’en font qu’une.

Alors, avec qui vais-je partager ma bûche cette année ? A qui vais-je permettre de goûter non seulement à mon foie gras, mon saumon, mes escargots, mon chapon, mais aussi (et peut-être surtout !) à mon amitié ?

De nombreux lieux organisent des repas de Noël solidaires… Et si, sans renoncer à la fête avec les miens, je me joignais à eux ? Ou si je les aidais par un don de denrées alimentaires, d’argent, ou tout simplement de temps ?

Le repas de Noël, somptueux ou tout simple, trouve sa plus agréable « saveur » lorsqu’il invite au partage et n’oublie pas les moins considérés.

Joseph Herveau, licencié de théologie, responsable national de la Mission Animation Pastorale – Secrétariat général de l’Enseignement catholique.